Aujourd’hui, en France, la chasse des grands animaux – qui se pratique dans une immense majorité en battue – est confrontée avec un peu plus d’acuité chaque saison à une double problématique : celle de l’efficacité – la réalisation des plans de chasse – et de la sécurité (rappelons que les accidents mortels surviennent, principalement, lors de battues, qui plus est, au sanglier). Bien qu’il faille faire preuve de prudence, la ‘‘traque-affût’’ serait peut-être le moyen de résoudre ces deux problèmes, à telle enseigne qu’elle commence à être adoptée par de plus en plus de domaines de chasse. De quoi s’agit-il ? Mettre en place des postes de tir (c’est-à-dire des miradors, à 2 ou 3 mètres du sol) à l’intérieur des enceintes (et non sur des chemins ou des allées), à proximité des coulées empruntées par les grands animaux. Comme l’explique une note de l’Office national des forêts datant de 2020, les tireurs sont répartis à raison d’environ un poste pour dix hectares sur un territoire minimum d’une cinquantaine d’hectares. De leur côté, les traqueurs marchent par petits groupes (sans, ou avec chiens ; dans ce dernier cas, il est nécessaire d’avoir des chiens à menée courte), en faisant des allers et retours en forme de lacets. Les avantages ? Garder les animaux sur pied, battre la totalité de l’enceinte qui est traquée en même temps.
De plus, cette méthode silencieuse, à l’opposé des battues souvent très bruyantes, conduit les animaux à se défiler lentement. Le tireur peut tirer
dans toutes les directions, en respectant, évidemment, certaines contraintes (tir fichant, ne pas tirer sur un animal en léger mouvement au-delà de 50 mètres…). L’idéal est de ne commencer ce mode de chasse qu’après la chute des feuilles. Autre avantage : « Une efficacité démultipliée et une éthique renforcée en évitant les ratés et les blessures », selon les mots de l’ONF. Pour preuve, l’organisme public a fait une étude sur un domaine de 647 hectares près de Colmar : le nombre moyen d’animaux tués a doublé (multiplié par 4 pour le chevreuil) avec la méthode de la traque-affût, avec une moyenne de 2,4 balles tirées pour un animal tué (auparavant, ce chiffre était de 8). On pourra observer, non sans raison, que cette méthode limite les sorties, qu’elle conduit sans doute inconsciemment à la ‘‘chasse-régulation’’, en s’éloignant de la ‘‘chasse-plaisir’’, et qu’elle n’est guère applicable dans une grande partie du Sud de la France, où les terrains à couvrir sont immenses, accidentés. Sans compter que, dans ces contrées, les chasseurs sont des passionnés de grands chiens courants, bien gorgés, et qui vont vite…