La séquence a fait le tour des médias fin novembre : celle d’une femme qui, alors qu’elle était interviewée par une équipe de Cnews au sortir d’une bouche de métro de Boulogne-Billancourt (92), a soudain senti « quelque chose » gigoter dans la manche de son manteau, avant de réaliser qu’il s’agissait… d’un rat. Si l’on peut saluer le sang-froid de cette personne, il convient aussi de souligner ce que cette anecdote illustre : la multiplication du nombre de ces rongeurs autour et dans la capitale (estimé à six millions intra-muros) ou, du moins, l’accroissement de leur visibilité. Intelligent,
agile, foncièrement omnivore et doué d’une capacité d’adaptation hors du commun, notre surmulot (classé ‘‘préoccupation mineure’’ par l’Uicn – notable euphémisme !) se reproduit tant qu’il trouve gîte et couvert à son goût (une femelle pouvant engendrer soixante petits par an), ce que, visiblement, la Ville Lumière et une partie de sa périphérie lui fournissent. Si la responsabilité de cette situation fort inquiétante (notamment sur le plan sanitaire…) ne saurait être imputable en totalité aux très actifs ‘‘amis des bêtes’’ qui sévissent dans notre pays, rappelons cependant ce que Douchka Markovic, alors représentante du Parti animaliste au Conseil de Paris, avait déclaré le 7 juillet dernier, en séance, au sujet de « nos auxiliaires de la maîtrise des déchets » : « Nous devons nous interroger sur de nouvelles méthodes efficaces et non létales […], nous interroger sur les surmulots et leurs manières de vivre, mieux les connaître afin de trouver des méthodes […] éthiques ». Un exemple parmi d’autres… Dirigée par Éric Piolle, la ville de Grenoble n’avait-elle pas déjà, en 2021, adopté une délibération visant à « réhabiliter ces animaux qui méritent autant d’attention et de respect que les animaux domestiques ou sauvages » ? Face à une nature qui ‘‘reprend ses droits’’ – selon le naïf slogan consacré par le premier confinement –, il faut croire que ce sera dorénavant aux hommes de… quitter le navire.