Quel a été votre parcours ?
J’ai fait une école de commerce, et j’ai complété mon parcours par des études aux États-Unis. Je suis parti ensuite parti en VSNE (coopération) à Singapour pour le groupe Grands Moulins de Paris avec le développement de Délifrance en Asie. Je suis resté 14 ans entre Singapour et Sydney, pour finir directeur général (COO) du groupe côté en bourse en Asie. Je suis ensuite rentré en France pour être DG de Le Chameau pendant un court intérim, avant de monter ma boîte en créant Club Interchasse et Ligne Verney-Carron. Après 14 ans, nous avons vendu la société et j’ai rejoint, en 2014, le groupe Sofisport pour être directeur général délégué de Nobel Sport pour la partie cartouches et négoce.
Comment avez-vous ‘‘contracté’’ le virus de la chasse, et quelle(s) pratique(s) préférez-vous ?
Mon père et mes deux grands-pères étaient chasseurs. J’ai tué mon premier perdreau à 9 ans, avec une 12 mm. J’attendais avec impatience d’aller avec mon père, ses amis et leurs enfants pour chasser tous les quinze jours dans l’Allier. Je garde l’impression qu’il s’agissait de chasses mirifiques comme on n’en voit plus, mais peut-être parce que je les voyais avec des yeux d’enfant !
Je ne chassais que le petit, avec une préférence pour les passées aux canards et le perdreau, puis je suis parti à l’étranger où j’ai connu des chasses très sauvages (le razorback et le kangourou en Australie) et, quand je suis revenu en France, à Bourges, il n'y avait plus que le grand gibier. Je tirais très bien au petit et mal au grand et, maintenant, c’est le contraire !
Que recouvre précisément Nobel Sport ?
Nobel Sport fait partie de Sofisport, qui regroupe les groupes Cheddite et Nobel Sport avec des usines en France, en Italie, en Espagne et au Canada. Pour simplifier, Nobel Sport est plus spécialisé dans la fabrication de poudre et possède des usines d’encartouchage qui fabriquent les marques Tunet, FOB, NSI, Maionchi, JG et d’autres marques pour le compte de tiers. Cheddite est le plus grand producteur de douilles et d’amorces et possède des marques de cartouches comme Mary Arm, Cheddite Italy, Bornaghi, RC…
Comment le groupe traverse-t-il la crise sanitaire actuelle ?
Nous avons la chance d’être tirés par le marché américain qui, avec les élections, a été incroyablement demandeur. Les usines de composants ont eu du mal à retrouver toutes leurs capacités de production après les arrêts liés au Covid. Maintenant s’ajoutent les problèmes d’approvisionnement des matières premières, avec des pénuries et des hausses dans tous les domaines (nitro-cellulose, acier, plastique, cartons, transports…). Mais nous n’avons pas le droit de nous plaindre. Nous avons beaucoup de commandes et le marché français de la chasse est très favorable en ce moment.
Y a-t-il des nouveautés que vous souhaiteriez évoquer ici ?
Avec les restrictions du plomb dans les zones humides dans deux ans, nous travaillons beaucoup sur les nouvelles gammes de substituts dans toutes nos marques : Vent d’Est, avec des cartouches acier très performantes pour Tunet, FOB a déjà un produit exceptionnel avec le Sweet-Copper, et Mary Arm travaille sur un substitut cher mais incroyable. Sans oublier une bourre biodégradable qui sera performante mais que nous devons observer dans le temps avant de la lancer à plus grande échelle car nous travaillons dans la pyrotechnie et nous devons avancer avec prudence avant de lancer des nouveaux produits.
Comment percevez-vous l’avenir de la chasse, si attaquée aujourd’hui ?
La chasse a déjà évolué et va devoir continuer d’évoluer. Je crois beaucoup à la chasse façon scandinave : on part dans la nature, on tue, on dépèce, on mange. Là-bas, la chasse est bien perçue par l’ensemble de la population. Les tableaux importants en petit gibier comme en grand auront plus de mal à trouver leur place. Je pense que l’on va évoluer vers une chasse plus naturelle. Notre perception par les autres doit revenir à celle du chasseur-cueilleur. Et ça commence par l’utilisation de la venaison, viande la plus bio et la plus saine qui existe !