Le bon et le mauvais chasseur, la gallinette cendrée et les « douilles » de Brigitte Bardot : autant de répliques incrustées à jamais dans la mémoire des Français. De cette parodie des célèbres Inconnus, les chasseurs n’ont pas forcément gardé qu’un bon souvenir, tant ce qui n’était à l’origine qu’un sketch très drôle fut transformé par tout ce que la France compte d’antichasse en documentaire ‘‘sociologique’’, support de bien des manipulations. Dans le contexte actuel d’attaques incessantes contre notre mode de vie, quelques inquiétudes peuvent légitiment surgir quand un long-métrage sur notre passion s’annonce (la sortie n’est pour l’instant pas programmée, mais elle devrait intervenir courant 2023), surtout lorsqu’on apprend que celui qui y endosse le rôle principal de président des chasseurs locaux n’est autre que Didier Bourdon.

Et pourtant, l’entretien qu’il nous a accordé devrait rassurer les plus anxieux quant au scénario. L’acteur, pas du tout hostile à la chasse, s’inquiète en revanche du rapport de plus en plus angoissé de notre société vis-à-vis de la mort « que l’on cache trop ou n’accepte plus ». Il concède que si son emploi du temps le lui permettait, il serait davantage pêcheur que
chasseur. Favorable aux loisirs liés à la nature, Didier Bourdon établit un parallèle avec la cueillette des champignons, lui qui fut un temps inscrit au cercle mycologique de Reims. Et de nous concéder que s’il passait son permis de chasser, la traque de la bécasse avec un cocker aurait sa préférence. À l’inévitable question sur le bon et le mauvais chasseur, sa réponse est claire : « À la chasse, comme en toute chose, il faut savoir se remettre en question, et spécifiquement à la chasse il faut conserver son caractère sportif », voire éthique, aurait-il pu préciser, lui qui nous a
clairement dit ne pas comprendre « toutes les formes d’artificialisation de la chasse ».

Contraint de nous quitter pour les besoins du tournage, c’est auprès d’Antonin Fourlon, coréalisateur avec Frédéric Forestier, que nous en avons appris davantage sur le scénario. Un couple de jeunes Parisiens, lassé par les mois de confinement imposés lors de la pandémie de Covid-19, décide de tout plaquer pour s’installer dans un charmant petit village, où l’inscription de leur enfant à l’école du village, empêchant sa fermeture, leur vaut un accueil digne de héros. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à l’ouverture de la chasse, où il découvre une étrange (et improbable)
servitude qui fait de leur jardin le terrain de chasse préféré des chasseurs du village. Lorsqu’un sanglier traverse leur baie vitrée, c’en est trop. Adélaïde, jouée par Camille Lou, décide de missionner son père (Thierry Lhermitte), redoutable avocat parisien, pour chasser les chasseurs de
leur terrain. Mais lorsque l’avocat se rend sur place, il est invité par Bernard, le président des chasseurs, joué donc par Didier Bourdon, à leur
banquet. Contre toute attente, et à l’issue d’une soirée mémorable, les deux hommes sympathisent. Mais l’avocat, sans doute diminué par ses agapes, oublie le dossier d’expulsion dans la salle, révélant ainsi le funeste projet aux chasseurs. Dès lors, la guerre est déclarée. Nous ne vous révélerons pas la fin, mais Antonin Fourlon nous a assuré que le but de cette comédie
était de réconcilier tout le monde, chasseurs et Parisiens, lui-même étant parisien et… chasseur. Rendez-vous dans les salles en 2023.