C’est une litote d’écrire que Chambord a toujours eu besoin de finances et de financiers. Même s’il reste loin de celui du Louvre (290 millions d’euros) ou de Versailles (100 millions d’euros), le budget de Chambord est tout de même conséquent (24,2 millions d’euros en 2018, dont un tiers en investissement, le reste en fonctionnement). Depuis son arrivée, en 2010, à la tête du domaine – qui a le statut d’établissement industriel et commercial –, Jean d’Haussonville – dont le mandat a été renouvelé pour 3 ans à la fin de l’année dernière – n’a eu de cesse que la gestion « soit encore plus exemplaire, afin que Chambord ne coûte quasiment plus rien au contribuable ». D’où l’idée, grâce à la loi du 1er août 2003 – loi qui permet aux entreprises et aux particuliers de pouvoir obtenir 60 % de réduction d’impôt du montant versé à des organismes –, de développer le mécénat. Ainsi, en quelques saisons, le mécénat pour les grands projet (nouvelle vigne, jardins à la française…) est passé d’une moyenne de 50 000 euros à 3 millions d’euros par an. L’objectif est de maintenir le mécénat à plus de 1,5 million d’euros annuels. Grâce à cela, la chasse à Chambord ne coûte plus rien au budget de l’État, donc au contribuable.
En parallèle, en effet, le conseil d’administration du domaine avait accepté, toujours dans le cadre de la loi du 1er août 2003, le principe du ‘‘mécénat de chasse’’. Ainsi, une société ou un particulier peuvent se voir proposer quelques postes dans une battue, la proportion ne pouvant dépasser un tiers, afin de conserver la mixité sociale de la chasse à Chambord (le nombre de battues est de 14 chaque saison, entre celle des Préfets, des Communes de France, de la Défense, etc., chacune accueillant 36 carabines). Nouveauté pour cette année : une campagne de communication va être lancée sur la possibilité d’y chasser à partir d'un don fiscalement déductible d'au moins 10 000 euros. Qu’on ne s’y méprenne pas : « Il n’est pas question de faire de Chambord une chasse commerciale, mais de donner la possibilité de tirer quelques sangliers dans un cadre qui n’a pas d’équivalent, de participer à l’œuvre patrimoniale de la France et à son prestige », souligne Jean d’Haussonville. Ce principe de mécénat a été étendu à Rambouillet, qui fait partie de l’établissement public de Chambord. « Le mécénat est indispensable pour ce lieu historique », rappelle Jean d’Haussonville, qui est, également, commissaire à l’aménagement du domaine national de Rambouillet depuis 2012. Avec ses 14 kilomètres de mur, son château, ses 1 000 hectares, le domaine a besoin d’un million d’euros par an (dont 300 000 euros en investissement) pour sauvegarder ce patrimoine historique et végétal de premier ordre. A-t-on oublié que ce fut un lieu – en particulier pour le petit gibier – aussi prestigieux que Chambord ? Pour cette raison, la faisanderie – qui avait connu son heure de gloire sous la IIIe République – a trouvé un nouveau
souffle. Et c’est la raison pour laquelle, sur le modèle de Chambord, il sera possible de participer à une battue à partir d'un don fiscalement déductible de 5000 euros. On l’aura compris, comme pour Chambord, fouler les tirés de Rambouillet va bien au-delà de la seule chasse : c’est participer à une œuvre d’intérêt public.