C’est une enquête de Canal Plus intitulée Main basse dans sur la savane diffusée dans le cadre de l’émission Spécial Investigation qui a déclenché une nouvelle polémique sur la légitimité des safaris en Afrique. Qu’y
voit-on en une heure de film? Des cynégètes toulousains à une chasse au lion en Afrique du Sud ; après une course-poursuite, l’animal est tiré quasiment dans un fourré au pied d’une clôture… Puis on voit force trophées, d’un (petit) buffle à une hyène brune,en passant par un léopard. La journaliste Olivia Mokiejewski montre tout le business (si l’on peut appeler cela ainsi) d’une certaine conception de la chasse en Afrique du Sud : des organisateurs aux guides, en passant par les ventes aux enchères de trophées sur pied (le chasseur choisit son animal sur un
catalogue!) et la course aux trophées…
La grande chasse est broyée et le film se termine sur un sentiment de dégoût. Une partie du monde de la chasse n’a pas manqué de crier haut et fort au complot, au procès à charge avec ce film ridiculisant les safaris. Pour autant,peut-on accuser la réalisatrice dont les sentiments très écologistes ne sont un secret pour personne ? Non, sauf à regretter qu’il n’y ait eu personne pour défendre la grande chasse. Car ce que nous montre le reportage en Afrique du Sud est tout sauf de la chasse. Les grands animaux vivent en territoire clos, si clos que les chasseurs finissent par tomber sur eux, quand ils ne sont pas lâchés quelques heures avant que les “chasseurs” n’arrivent. Et que dire de la grande chasse qui doit être la conclusion d’une quête difficile, exigeante, et non une obsession du trophée à tout prix. Cette “chasse” est tout bonnement indéfendable (sans nier toutefois que ces élevages permettent la sauvegarde de plusieurs espèces animales, rhinocéros en particulier).
On attend un film réhabilitant la grande chasse. Car il reste heureusement des immensités sauvages en Afrique, où la chasse a encore sa raison d’être, grâce à une politique cynégétique intelligente. Par les devises qu’elle amène, elle finance la sauvegarde des zones, fait vivre les populations locales (moins tentée de pratiquer le braconnage de brousse), dans ce continent plus que malmené par les soubresauts politiques.