Ce livre est d’abord un bel hommage. Un hommage à ce qui est, aux yeux du nemrod, bien plus qu’un serviteur ou un auxiliaire – un compagnon, et même un ami : le chien. Pour être plus précis, disons que ce recueil de souvenirs célèbre la mémoire d’un chien particulier, nommé Boulo, courant d’exception, rapprocheur hors pair créancé dans la voie du sanglier, qui ne répondait pourtant à « aucun des standards de grande race » et qui, doué d’une intelligence rare, avait fait le bonheur de son maître, Léon Salles, un Corrézien de souche paysanne initié très tôt aux plaisirs de la cynégétique. « Boulo naquit un certain jour de printemps, en 1948, et quitta ce monde le 30 septembre 1964, écrit dans sa préface Jean-Luc Salles, petit-fils du précédent, qui a collecté les anecdotes de son grand-père et les a mises ici en mots. (…) Au cours de ses douze années de vie de rapprocheur, il fut blessé six fois par des cochons, dont deux fois très gravement ». Seize ans d’existence, donc, seize ans d’une complicité extraordinaire entre l’homme et l’animal, principalement dans les forêts et les plaines de Touraine où, dans les années 1950-60, la campagne était encore giboyeuse et les mentalités naturellement favorables à la chasse. Boulo, chien de sangliers n’est pas un manuel de dressage, mais une collection de morceaux choisis mémorables, parfois drôles, toujours palpitants, quelquefois douloureux – la traque de la bête noire n’étant pas sans risques ! –, le tout rendu à l’aune d’une plume pleine d’authenticité. Au fil des rapprochers, des attaques, des fermes, on partage avec allégresse la fierté éprouvée par Léon Salles à l’endroit de son protégé – un Léon Salles, soit dit en passant, empreint d’une vraie humilité, ce qui rend l’ouvrage d’autant plus attachant.
Markhor, 176 pages, 25 €.