On connaît son brillant coup de pinceau, reconnaissable entre mille, avec ses lumières, souvent dans des ciels tourmentés où les gibiers sont là tels que Patrice Bac les a surpris, moins, beaucoup moins ses qualités de plume, et l’on doit remercier les éditions Versicolor de nous les faire découvrir et apprécier. Nous tenons là ce qu’on appelle communément un beau livre, où l’artiste nous livre ses souvenirs en soixante chapitres rehaussés d’innombrables illustrations. Évidemment, forcément, lorsqu’on connaît un peu Patrice Bac, la bécasse et les canards y tiennent les premiers rôles. Il est question des premières fois, d’odeurs de marais, de vase, d’efforts, de chiens, d’amitiés, de cette passion qui n’amène jamais au point de satiété… Ce sont des espoirs incessants – peut-être la raison même de la chasse, mais cela est un autre sujet ! –, des buissons creux dans des froids de gueux amenés par des vents d’Est, des couleurs du spectre solaire de l’aube ou du crépuscule, des spectacles qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie (et encore, pas toujours !), comme cette bécasse en plein Paris, ou une autre qui retrouvera ses esprits dans la cuisine de l’auteur… En filigrane, comme une brume persistante, on retrouve cette France parfois oubliée avec des personnages appartenant à ce que l’on désigne aujourd’hui par la ‘‘France périphérique’’… C’est une atmosphère, des rêves, savant mélange de Vincenot, de d’Houdetot, de Pergaud, de Pagnol, celle de la chasse simplement, celle d’une France à laquelle il reste une âme rurale, et ses lois immuables de la nature.
Versicolor Éditions, 205 pages, 59 €