Ce petit ouvrage, édité pour la première fois en 1947, est empreint d’une infinie nostalgie : celle d’un homme, diplomate de son état, issu d’une vieille famille luxembourgeoise qui a écrit ses souvenirs de chasse et de pêche lorsqu’il fut déporté en Silésie en 1941 avec toute sa famille. D’ailleurs, précise-t-il, seule la moitié du manuscrit a été retrouvée, dans un trou d’obus. Pour oublier ces sinistres années, Gaston d’Ansembourg a voulu se souvenir de sa vie ‘‘d’avant’’, celle d’un homme libre. Il se rappelle ses campagnes, notamment le Namurois, ses nombreux amis qui, certes gâtés par la vie pour beaucoup, par leur fortune ou leur naissance, mourront pour avoir défendu leur pays. Par la plume, il chasse et pêche à nouveau dans l’Europe entière, qu’il s’agisse de l’approche du chamois en Styrie (Autriche), de battues de grand et petit gibier en Pologne avec ses régiments de traqueurs (entre 400 et 800 : il fallait bien cela pour battre des milliers d’hectares !)… Il se rendit une dernière fois en Pologne, en 1938, avant qu’une autre chasse ne commence, qui durera six ans. Il voyage encore dans les Carpates roumaines, au brame du cerf, avec l’espoir de tirer un Kapitaler (où il attrapera, écrit-il, la Hirsch-fieber, la fièvre du cerf)… Ces pages restent un témoignage poignant écrit au fin fond de l’Europe centrale. Gaston d’Ansembourg reviendra de l’Enfer, mais les temps qu’il nous livre appartiennent définitivement au passé.
Montbel, 173 pages, 25 €.