Lorsqu’elle est accordée par le préfet, la période complémentaire de vénerie sous terre du blaireau débute généralement le 15 mai. Aussi n’est-ce pas un hasard si, à l’initiative de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), a été organisé, précisément à cette date, un événement baptisé ‘‘Journée mondiale des blaireaux’’ au cours duquel un
rassemblement de militants de la ‘‘cause animale’’ a eu lieu à Paris, place de la République, qui se donnait pour but de « dénoncer le traitement infligé » par les chasseurs à Meles meles. Outre une démonstration de déterrage fictif réalisée sur le bitume parisien avec d’authentiques… peluches (tout un symbole !), une démonstration en forme de happening, filmée, et que l’on retrouve aisément sur Internet (gare aux fous-rires !) ; outre diverses « animations » proposées ce même jour dans plusieurs villes de France « pour sensibiliser le grand public », on notera qu’une pétition rédigée par Marc Giraud – porte-parole de l’Aspas – a été déposée sur le site du Sénat le 30 mars dernier afin d’obtenir « l’interdiction définitive de la vénerie sous
terre » (plus de 22 000 signatures fin mai, sur les 100 000 nécessaires), chacun étant, à l’occasion de la fameuse ‘‘Journée’’, invité à y apporter son suffrage. Rappelons, à toutes fins utiles, que notre mustélidé n’est plus classé nuisible depuis 1988, qu’il n’est donc plus piégeable ni déterrable à des fins de destruction, qu’il est juridiquement ‘‘gibier’’ et que, par conséquent, il n’est plus que chassable – soit par les équipages de vénerie (environ 600 créancés dans sa voie), soit à tir, entre l’ouverture et la fermeture générales. Étant donné qu’il est assez rare de ‘‘tomber’’ sur un blaireau pendant la chasse, et que la finalité de son courre n'est assurément pas de réguler cette espèce (préoccupation mineure, selon l’UICN), il est facile de se figurer l’ampleur des problèmes qui se poseraient si l’objectif d’une telle pétition venait à être entendu positivement par le législateur – Meles meles étant cause de nombreux dégâts par sa nature de fouisseur (affaissement de terrains, etc.) et par son régime alimentaire (pensons aux céréales – maïs en premier lieu), sans omettre qu’il est l’un des hôtes de liaison, très surveillé à ce titre, de la tuberculose bovine, laquelle est une zoonose)…

Interdire la vénerie sous terre du blaireau, donc ? Ce serait la dernière étape vers sa protection pure et simple. Soyons vigilants : l’Aspas, qui nous fait tant rire parfois, agit au diapason d’une stratégie on ne peut plus sérieuse, elle.