Le journaliste antispéciste Aymeric Caron est décidément un phénomène fascinant. En réponse à un entretien donné au Journal du dimanche par Willy Schraen à l’occasion de la parution de son livre Un Chasseur en campagne, le fondateur du parti La Révolution écologique du vivant s’est fendu d’une tribune publiée sur le site de Libération le 17 août dernier. Sur le fond, rien de nouveau : Caron ne goûte guère, semble-t-il, la chasse. Cependant, un point précis nous a interpellés dans son article. Indiquant que, lors de son entretien, le président de la FNC s’était montré « ulcéré que 129 parlementaires aient signé [le] RIP » pour les animaux, Caron écrit que, ce faisant, « Willy Schraen se tire une balle dans le pied (…). En effet, il nie la validité de la démarche référendaire au nom de la prédominance du rôle de l’élu. Or, en même temps, il dénie aux élus la possibilité d’exprimer leur opinion. En fait, on a compris : Schraen déteste tous ceux, politiques ou pas, qui remettent en cause son loisir obsolète, et la démocratie qu’il appelle à la rescousse est le dernier de ses soucis ». Une leçon de philosophie politique, donc, infligée à Willy Schraen, coupable de « mensonges », de « déformations », d’« incohérences », et, surtout, de « rejet des processus démocratiques ».
À toutes fins utiles, rappelons – car cela a été trop peu fait ! – ce que le même Aymeric Caron écrivait dans Utopia XXI (Flammarion, 2017), l’épais volume au sein duquel il exposait les principes philosophiques et politiques de la nouvelle société antispéciste qu’il appelle de ses voeux, au sujet, précisément, du droit de vote, élément-clef de notre démocratie : « Ceux qui prônent le droit de vote obligatoire sont dans l’erreur. C’est exactement l’inverse qu’il convient de faire. Il faut empêcher certaines personnes de voter. (…) Rien ne sert de permettre à chacun de s’exprimer sur tous les sujets, et de toutes les manières possibles, si cette expression n’est pas qualitative. (…) Il me semble dangereux de permettre à tout le monde de voter sans avoir vérifié au préalable la capacité de chacun à émettre un avis pertinent. (…) Pour résoudre cette difficulté, instaurons un permis de voter (sic !). » Et laissons surtout à chacun le soin de conclure…