Où en est-on de l’affaire Élisa Pilarski, du nom de cette jeune femme enceinte de six mois, tuée, déchiquetée par un ou des chiens le 16 novembre en forêt de Retz, dans le département de l’Aisne, alors même qu’elle promenait le chien de son compagnon ? Sans une once de preuve, bille en tête, les réseaux sociaux et de nombreux médias avaient accusé la meute de l’équipage Le Rallye La Passion, qui découplait ce jour-là, dans ce massif. La Société de vénerie a eu beau expliquer que les chiens de vénerie n’attaquent jamais les hommes, et qu’aucun des chiens n’était revenu ensanglanté, rien n’y fit : ces chiens-là étaient des assassins, forcément. Des tests ADN sont d’ailleurs toujours en cours (les résultats seront connus, en principe, au mois de septembre).
Sous réserve des conclusions définitives de l’enquête, cette piste-là est de plus en plus écartée au profit d’une autre, bien plus plausible et glaçante. Selon nos sources, les enquêteurs se sont intéressés à Curtis, le chien de Christophe Ellul, le compagnon d’Élisa Pilarski, et aux zones d’ombre des déclarations de ce même compagnon. Dans un premier temps, il avait déclaré que Curtis était un croisement de lévrier whippet et Patterdale terrier. Il s’est avéré être un… pitbull, qui, rappelons-le, désigne, non une race, mais une fonction, celle d’un chien de combat. Or, posséder en France un tel chien est sévèrement encadré depuis 1999. Il faut qu’il ait des papiers en règle, qu’il ait subi une évaluation de comportement et que son maître ait été soumis à une formation. Si toutes ces conditions sont remplies, un permis de détention sera délivré (en outre, s’il s’agit d’un mâle, l’animal devra être castré). Là encore, il est sérieusement peu contestable que le fameux Curtis soit entré illégalement en France, en provenance d’un élevage hollandais (dont le site Internet a curieusement disparu depuis le début de l’affaire), et sans avoir été castré. Bien qu’il faille être prudent en la matière, Curtis aurait été choisi pour son ‘‘mordant’’, c’est-à-dire pour son agressivité hors du commun. D’ailleurs, son propriétaire aurait ‘‘travaillé’’ son mordant et aurait participé à des concours de pitbulls et des ‘‘démonstrations’’ en Belgique (épreuves qui consistent à mettre face à face deux chiens tenus en laisse pour juger de leur agressivité).
Aussi, tout laisse supposer que Curtis est bel et bien au centre de l’affaire. Que s’est-il passé le 16 novembre ? On sait qu’Élisa Pilarski a passé un appel à son compagnon à 13 h 19. Celui-ci affirme qu’elle lui aurait dit avoir croisé des chiens qui l’inquiétaient (dont un berger malinois). N’est-ce pas plutôt Curtis le chien en question (il l’avait d’ailleurs déjà mordue, et ses maîtres avaient fait passer cela pour une morsure de chat) ? Lorsque Curtis sera récupéré, il se révélera très agressif, à telle enseigne qu’il est installé dans un chenil spécial, à Beauvais, muni de gros barreaux. Nous sommes loin, très loin de la chasse à courre…