Voilà un livre qui mérite assurément d’être lu et diffusé. A l’heure où seul le courre du cerf semble exister aux yeux du grand public (et pas nécessairement pour de bonnes raisons !), il est utile de rappeler qu’outre le
chevreuil et le sanglier, le renard, le lièvre et le lapin sont aussi, dans notre pays, chassés selon des règles de vénerie spécifiques. « Passionnés de nature, de campagne et d’animaux (d’écriture et d’histoire, aussi) », les auteurs – qui ont choisi d’user de pseudonymes – nous proposent ici une douzaine de récits « authentiques » et dont « le gratte-mousse, joli petit nom pour désigner le lapin de garenne », est l’acteur principal. Au fil des pages, de cinq saisons et d’une écriture soignée – soulignons-le –, nous assistons, au cœur de différents territoires situés dans les Pays de la Loire, aux combats de ruses que livre notre lagomorphe face aux beagles et bassets artésiens normands, combats qu’il est loin de perdre systématiquement… Et c’est bien là tout le sel de ces textes, qui n’ont d’autre prétention que de partager avec le lecteur « un patrimoine vivant, attaché à une tradition », respectueux à la fois d’une certaine éthique et d’un art cynégétique ancestral. Le vocabulaire de la vénerie leur confère d’ailleurs un indiscutable charme (un « dictionnaire » éclaire à juste raison le profane en fin d’ouvrage), et maintes observations empiriques sont données, qui alimentent la connaissance que nous pouvons avoir, entre autres, de ce merveilleux gibier – jadis symbole de la chasse populaire française. Si les équipages dont les chiens sont créancés dans la voie du lapin ne représentent que 9 % de la totalité des équipages de vénerie, À travers plaines et ronciers montre, s’il en était besoin, que cette pratique est encore bel et bien vivace… Nous recommandons chaudement !

Édilivre, 136 pages, 14 €.