L''affaire a fait couler beaucoup d’encre. Il s’agit de ce fameux cerf chassé à courre qui, le 12 janvier dernier, avait trouvé refuge dans les environs de la gare de Chantilly, sur son parking, puis sur les rails. Le trafic ferroviaire en avait été perturbé, et l’opinion publique pour le moins émue – la scène ayant été, nul ne l’ignore, filmée et diffusée sur les réseaux sociaux par des militants d’AVA. Si l’animal avait été gracié, et si cette chasse n’avait en aucune façon enfreint la loi, c’est d’abord l’instrumentalisation pour le moins déplacée de la scène par des élus EELV qui retient l’attention. En effet, le 21 janvier, Karima Delli, euro-députée et candidate aux régionales dans les Hauts-de-France, Julien Bayou, secrétaire national d’EELV, ainsi que Thierry Brochot, maire-adjoint EELV de Creil – accompagnés de Stanislas Broniszewski, leader d’AVA – se sont fendus, devant ladite gare, d’une petite cérémonie au cours de laquelle ils ont solennellement déposé une gerbe de fleurs afin de rendre hommage au… « cerf inconnu » – lequel, répétons-le, n’avait pas été tué. Dégoulinante de démagogie et d’opportunisme politique, l’initiative visait en substance à faire interdire la chasse à courre, pratique jugée « moyenâgeuse ».
En tout état de cause, ‘‘l’affaire du cerf de Chantilly’’ nous inspire au moins deux réflexions. Dans un premier temps, la question suivante : comment expliquer que, dans notre pays, les tenants de l’animalisme aient à ce point fait imploser toute barrière morale, que, pour des raisons de pure communication, ils en viennent – sans la moindre honte – à associer l’image d’hommes morts pour la France à celle d’un cerf chassé, puis gracié ?Dans un second temps, et parce que ce type d’incident risque à terme de rejaillir sur l’ensemble des veneurs, on peut – semble-t-il à bon droit – s’interroger sur l’opportunité de continuer à courir le cerf à proximité de certains secteurs désormais trop habités, c’est-à-dire, pour l’exprimer d’un mot, en zones périurbaines (il va de soi que la question ne se pose que pour le cerf, non pour le chevreuil, dont le courre nécessite des étendues bien moindres). Délicat, le sujet ne mérite-t-il cependant pas d’être traité par les veneurs eux-mêmes, avant que la pression exercée par les anti sur l’opinion publique presque quotidiennement n’oblige le législateur à prendre, de son côté, des mesures peut-être plus ‘‘radicales’’ ? Les chasseurs à courre, et singulièrement la Société de vénerie, œuvrent à longueur d’année pour faire connaître aux profanes l’objet de leur passion, loin des clichés et mensonges colportés par des groupuscules comme AVA et véhiculés dans la sphère politique par certains membres de partis comme EELV. Or, le danger n’est-il pas, précisément, que ce patient travail de communication et d’ouverture finisse par être balayé par la récurrence d’affaires similaires à celle du cerf de Chantilly ? Rappelons qu’en France, sur 390 équipages, seuls 37 chassent le cerf – contre 120 pour le lièvre, par exemple –, mais que, dans l’esprit de nos contemporains, le cerf a une valeur symbolique extrêmement forte…